Ah cette sciatique qui m’enquiquine…
C’est un mal bien courant aujourd’hui chez bon nombre d’entre-nous. Résorber une sciatique demande patience, bienveillance, et conscience.
Une de mes élèves, qui pratique le yoga régulièrement dans sa semaine, est venue me voir en me disant qu’elle avait une sciatique depuis 1 semaine.
Elle était bien embêtée, on peut même dire frustrée. Elle ne pouvait plus pratiquer le yoga comme elle aime et elle considérait son sadhana incomplet.
La prise en charge de sa sciatique
Nous avons alors discuté au sujet des séances qu’elle pratiquait pour déterminer la racine de sa douleur. Je lui ai donc demandé :
– Quelles postures accomplissait-elle ?
– Par quels moyens arrivait-elle aux les postures finales c’est-à-dire quel type de souffle utilisait-elle, sa rapidité dans les transitions et mouvements, ou plaçait-elle sa conscience ?
Comme je connais bien Valérie, je sais qu’elle est majoritairement Vata.
Vata est sa constitution ayurvédique, donc j’avais une petite idée de ses réponses. Je sais comment elle aime pratiquer puisqu’elle vient régulièrement à mes cours.
Valérie m’a donc répondu que pendant sa pratique personnelle, elle faisait beaucoup d’Ashtanga. Une forme très dynamique et athlétique du yoga. Ce qui, bien sûr, correspond à sa personnalité étant majoritairement Vata.
Les personnes Vata sont dynamiques aussi bien dans le corps que dans l’esprit. Elles aiment bouger rapidement, apprécie l’exercice soutenue mais allant au-delà de leur forme du jour. Elles sont dirigées plus par leur mental que par la conscience.
Les vata ont beaucoup de difficultés à se poser physiquement et mentalement. Elles suivent le flow comme on dit. Mais au bout d’un moment, le corps parle. Il a besoin de repos et de transition avec des pratiques plus douces : Hatha yoga, la méditation, pranayama, Chi gong …
Il fallait donc que « ma petite Valérie » calme sa pratique d’Ashtanga. Ce n’est ni bénéfique pour son squelette, ni bénéfique pour son mental et d’une manière général pour son homéostasie.
Elle précisa pratiquer toujours les mêmes postures d’étirement du rachis et des jambes sur chacune de ses séances pour travailler sur sa flexibilité. Elle restait longtemps immobile dans les poses et parfois en se relâchant complètement sans veille musculaire.
Valérie me montra comment elle pratiquait : souffle, mise en place, transition, retour et rythme et quels asanas.
Le diagnostic de sa sciatique
Son bilan est donc le suivant :
- Personne majoritairement Vata…avec aggravation du dosha vata dont le symptôme est la sciatique. [En ayurveda ces personnes sont plus susceptibles de déclarer des troubles et douleurs musculo-squelettique que les personnes Pitta ou Kapha.]
- Elle pratiquait 4 fois par semaine de l’Ashtanga en plus du cours qu’elle suit avec moi dans la semaine.
- Pratique beaucoup de postures d’étirement du rachis et reste longtemps dans la pose.
- La respiration Ujjai n’est pas régulière sur sa pratique
- N’inclut pas de pranayama dans sa séance pour calmer son mental et soulager son système nerveux
- Elle travail en tant qu’infirmière
- Elle mange des plats préparés, saute des repas et ne mange pas tout le temps à la même heure
Ce qui est mise en avant sur ce bilan :
- Pratique intense et pas assez de repos
- Respiration irrégulière
- Trop d’étirement du rachis et des jambes
- Reste longtemps dans les poses d’étirement
- Régime alimentaire malsain et irrégulier
- Stress chronique
Tous ses déséquilibres peuvent avoir concourus cette sciatique, Valerie ne l’ayant jamais expérimentée auparavant. Au vu du bilan, les solutions sautent aux yeux…
Selon l’Ayurveda, la sciatique est typique des déséquilibres Vata. Donc en tant que constitution Vata, Valérie a créé un excès du dosha Vata dans le corps en pratiquant l’Ashtanga 4 fois par semaine, sans intégrer aucune autre pratique douce ou de temps de repos pour régénérer son corps et son esprit.
Prise en charge
Je lui explique donc que sa pratique n’est pas adaptée à sa constitution et à son mode de vie et qu’il va falloir apprendre à intégrer des moments de calme, de repos, de pratiques douces pour que son corps puisse avoir le temps de se reconstituer. Pratiquer l’Ashtanga 4 fois par semaine est trop sollicitant au vu de son rythme de vie, je lui conseille d’intégrer plus de hatha yoga et d’autres pratiques douces qu’elle aime…même si c’est compliqué pour une personne Vata qui aime bouger tout le temps, tant dans l’esprit que par le corps. Tout ceci à intégrer après que sa sciatique se soit guérit
Je la conseille également sur son régime alimentaire, actuellement irrégulier et malsain. Alors qu’elle a une pratique physique intense et un travail stressant, son corps et son mental crie famine et manquent de nourriture régénérante, fraîche, et cuisinée maison. Elle le sait elle est infirmière mais parfois redire les choses permettent de remettre en conscience pour réagir.
Je lui demande donc ses ressentis physiques par rapport à sa sciatique pour avoir une idée du degré d’inflammation du nerf et si nous pouvons pratiquer le yoga pour essayer de soulager et résorber. Valérie ne ressentait qu’un léger trajet de la lombaire L5 vers le haut de la fesse, et une tension constante dans la zone arrière de la cuisse.
Les symptômes n’étant pas dramatiques, sans troubles neurologiques et le mouvement très peu inhibé, nous pouvions donc commencer à pratiquer certaines postures de yoga pour améliorer sa condition.
Les solutions pour soulager sa sciatique
Un yoga adapté à sa condition
Je lui ai donc proposer une série de postures à pratiquer 5 fois et une série de pranayama au début et à la fin de la séance.
Apres avoir suivit cette séance, elle est autonome pour pratiquer cette séance pendant au moins 3 semaines à un mois pour améliorer sa sciatique.
Cette séance est construite sans enchainement, sans flow, sans effort intense, juste travailler sur chaque zone en conscience et sans forcer. Sur chaque posture, Valérie doit porter sa conscience sur sa douleur, et expirer sa douleur.
La séance est la suivante :
1/ Nadi shodhana sans rétention de souffle puis avec rétention pour calmer l’esprit et se concentrer sur ce qui s’en vient.
1 / Kapotasana
2/ Salabhasana et variantes avec lever d’un bras une jambe
3/ Balasana
4/ Upavishati Kapotasana ou pigeon inversé
5/ Pawanmuktasana
6 / Exercice de respiration holotropique
L’objectif du premier pranayama est de calmer le système nerveux et d’apporter la concentration et conscience nécessaire à la réalisation des postures pour en tirer le meilleur bénéfices.
Le pranayama de fin de séance est une respiration holotropique avec inhalations actives et expirations passives , complète et rapide.
Le but de la respiration holotropique est d’utiliser la respiration accélérée pour accroître la conscience de soi et faire face aux traumatismes du passé. Elle permet d’accéder à des parties de la psyché qui ne peuvent être atteintes dans des conditions normales.
Je l’utilise dans le cas de Valérie pour soulager ses troubles d’anxiété, de stress chronique et de tension qui sont dues à son déséquilibre Vata et son mode de vie en général.
Un traitement ayurvédique
Je lui ai également proposer un traitement ayurvédique appelé Kati Vasti qui est un traitement ayurvédique traditionnel utilisé pour les maux de dos et les troubles de la région lombo-sacrée, notamment les hernies discales, la spondylose lombaire, la sciatique, les problèmes de colonne vertébrale, etc…. Nous avons fait ce traitement pendant 7 jours à suivre.
Conclusion
Valérie a bien tenue le challenge des 3 semaines, ce qui n’était pas facile pour elle. Elle qui aime tellement bouger partout mais aussi probablement la source de son mal.
Au bout d’1 semaine, la sensation de tension derrière la cuisse avait disparue mais elle ressentait toujours un léger trajet du haut des fesses à l’arrière de la cuisse.
Au bout de 3 semaines, sa sciatique avait complétement disparue.
Elle a également changé son régime alimentaire et préparé ses repas la veille pour les emmener au travail. Valerie s’accorde du repos et aujourd’hui elle a même intégré 2 séances de yoga nidra à la place des 2 séances d’Ashtanga.
Elle a pris de conscience que les moments de repos et de douceur étaient nécessaires pour maintenir sa santé, soutenir son corps et son mental. Elle a plus d’énergie, de clarté et est plus positive car elle fait également du pranayama tous les jours depuis cet épisode.
Dire que se sont que les postures de yoga qui lui ont permis de guérir …cela a certainement contribué mais je pense qu’une approche complète doit être engagée.
Le corps doit être entendu dans sa globalité : mental, émotions, l’aspect physique, la nourriture que l’on donne à notre corps et son mode de vie. L’intelligence du corps s’applique en s’auto-guérissant, à conditions de le respecter.
Si vous vous intéressez au yoga et aux pathologies je ne peux que vous indiquer l’excellent blog de Muriel Adapter son Yoga, vous y trouverez des informations concrètes pour adapter sa pratique. Son blog est une mine d’informations bien utiles. En complément de mon article, je ne peux que vous conseiller la lecture de Etirement du piriforme : un exercice efficace contre la sciatique? Ou encore Lombalgie Aiguë : un flow pour mon lumbago!.
References
Measure of Significance of Holotropic Breathwork in the Development of Self-Awareness
An Argument for the use of Holotropic Breathwork as an Adjunct to Psychotherapy
Exploring the Therapeutic Benefits of Pranayama (Yogic Breathing): A Systematic Review
Health Impacts of Yoga and Pranayama: A State-of-the-Art Review
Yoga as a treatment for chronic low back pain: A systematic review of the literature
A preliminary clinical evaluation of external snehan and asanas in the patients of sciatica
Intéressant de voir ton approche globale à travers l’ayurveda, pour soulager la sciatique de ton élève ! On a tendance à pratiquer dans ce qui accroît notre dosa dominant, et si on y prend pas garde on peut créer des déséquilibres…même avec le yoga !